Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/287

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après avoir fait de la main signe à Roger de la suivre. Elle gagne, loin de la foule des combattants, un vallon où s’étend une petite plaine, au milieu de laquelle est un bosquet de cyprès qui semblent poussés d’une seule venue.

Dans ce bosquet s’élevait un grand mausolée en marbre blanc, nouvellement construit ; une courte inscription en vers indiquait, à qui voulait en prendre connaissance, le nom de celui dont le mausolée renfermait les restes. Mais, arrivée là, Bradamante ne me parait pas avoir l’esprit disposé à lire l’inscription. Roger avait poussé son cheval derrière elle, de façon à arriver au bosquet presque en même temps que la damoiselle.

Mais revenons à Marphise. Elle s’était remise en selle, et courait de tous côtés pour retrouver la guerrière qui l’avait jetée à terre à la première rencontre. Elle la voit sortir de la mêlée ; elle voit Roger partir avec elle, et elle les suit tous deux. Elle est loin de penser que l’amour les réunit ; elle croit, au contraire, qu’ils vont terminer leur querelle par les armes.

Elle presse son cheval, suivant leurs traces, et arrive presque en même temps qu’eux. Combien sa présence est importune à l’un et à l’autre, ceux qui aiment peuvent se l’imaginer, sans que j’aie besoin de l’écrire. Mais Bradamante en est plus particulièrement blessée. En voyant celle qui est cause de tout son malheur, elle ne peut plus douter que c’est l’amour qui la pousse à suivre Roger.

Elle traite de nouveau Roger de perfide :