Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/293

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à ta volonté, je tombai malade et je mourus de douleur.

« Mais, avant de mourir, et connaissant, grâce à mes prévisions, que tu devais combattre en ce lieu contre Marphise, je fis construire cette tombe avec de lourds rochers par les esprits infernaux à mes ordres. Je dis à Caron, que j’intimidai par mes cris : « Je ne veux pas, une fois que je serai mort, que tu m’arraches de ce tombeau, avant que Roger ne soit venu y combattre avec sa sœur. »

« Mon esprit vous a longtemps attendus sous ces beaux ombrages. Donc, ô Bradamante, toi qui aimes notre Roger, ne soit plus jamais jalouse de lui. Mais il est temps désormais que je quitte la lumière pour regagner le ténébreux séjour. » La voix se tut, et laissa Marphise, la fille d’Aymon et Roger en un grand étonnement.

C’est avec une grande joie que Roger reconnaît Marphise pour sa sœur, et que celle-ci le reconnaît à son tour. Ils se précipitent dans les bras l’un de l’autre, sans que celle qui brûle d’amour pour Roger s’en offense. Se rappelant divers épisodes de leur première jeunesse, ils répètent à chaque instant : Je fis, je dis, je fus. Ces détails leur prouvent d’une manière certaine que tout ce que leur a dit l’Esprit est vrai.

Roger ne cache pas à sa sœur combien l’image de Bradamante est profondément gravée en son cœur. Il raconte, avec des paroles émues, les nombreuses obligations qu’il a envers elle ; il