Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/49

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détienne son destrier, pour qu’il ne se batte pas le premier avec lui.

Pour surcroît d’embarras, le Tartare s’avance à son tour, et nie que Roger ait le moindre droit de porter l’aigle aux ailes blanches. Il est tellement furieux de colère et de rage, qu’il veut, si les trois autres y consentent, vider les querelles d’un seul coup. Et il ne serait pas démenti par les trois autres, si le roi donnait son consentement.

Le roi Agramant, par prières et bonnes raisons, fait tout ce qu’il peut pour ramener la paix entre eux. Enfin, quand il voit qu’ils restent sourds à ses observations et qu’ils ne veulent consentir à aucune paix, à aucune trêve, il leur dit d’attendre au. moins qu’il ait assigné à chacun son rang pour combattre, et il pense que le meilleur parti à prendre est de tirer au sort.

Il fait préparer quatre billets ; sur l’un sont écrits les noms de Mandricard et de Rodomont ; sur l’autre ceux de Roger et de Mandricard ; le troisième porte les noms de Rodomont et de Roger ; le quatrième, ceux de Marphise et de Mandricard. Puis, il s’en remet à la décision de l’inconstante déesse. Le premier billet sortant est celui du roi de Sarze et de Mandricard.

Les noms de Mandricard et de Roger viennent en second ; ceux de Roger et de Rodomont sortent après, et le billet qui reste est celui de Marphise et de Mandricard. La dame semble fort contrariée de ce résultat, et Roger ne paraît pas plus content qu’elle. Il connaît la force des deux pre-