Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/50

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miers combattants ; il sait que leur combat ’peut se terminer de façon qu’il ne reste plus rien à faire ni à lui ni à Marphise.

Non loin de Paris s’étendait un emplacement d’un mille environ de tour. Une chaussée peu élevée l’entourait de toutes parts, comme si c’eût été un amphithéâtre. Un château s’y élevait jadis, mais le fer et la flamme avaient renversé ses murs et ses toits. On peut en voir un semblable sur la route qui va de Parme à Borgo.

Ce fut en cet endroit qu’on établit la lice. On entoura de pieux un espace suffisant, auquel on donna une forme carrée, en ménageant deux portes, selon ’l’usage. Le jour marqué par le roi pour le combat étant arrivé, et les chevaliers persistant dans leur intention, leurs tentes furent dressées de chaque côté, en dehors des barrières.

Dans la tente qui s’élève du côté du Ponant, se tient le roi d’Alger, à la stature de géant. L’ardent Ferragus et Sacripant lui mettent sur le dos la cuirasse en écailles de serpent. Le roi Gradasse et l’illustre Falsiron sont de l’autre côté de la lice, dans la tente dressée au Levant, occupés à endosser de leurs propres mains les armes troyennes au successeur du roi Agrican.

Le roi d’Afrique, ayant à ses côtés le roi d’Espagne, est assis sur un tribunal spacieux et élevé. Près de lui se tiennent Stordilan et les autres chefs que révère’l’armée païenne. Heureax ceux qui peuvent trouver sur la chaussée, ou à la cime des arbres, une place d’où ils dominent la plaine !