Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/53

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sur la route. Moi, je te la disputerai ici. Mon cimeterre te dira mes raisons, et nous irons au jugement dans l’arène.

« Il faut que tu la gagnes avant de t’en servir contre Rodomont. C’est un vieil usage, qu’avant d’affronter la bataille un chevalier doit payer ses armes. » « Il n’est pas de son plus doux à mon oreille — répondit le Tartare en élevant le front — que d’entendre quelqu’un me défier à la bataille. Mais fais que Rodomont y consente.

« Fais que le roi de Sarze te cède la première place, et se contente pour lui de la seconde, alors tu peux être certain que je te répondrai à toi et à tout autre. » Roger s’écria : « Je n’entends pas qu’on change rien au pacte qui a été conclu et que le sort soit de nouveau consulté. Que Rodomont descende le premier en champ clos, ou bien que sa querelle ne se vide qu’après la mienne.

« Si le raisonnement de Gradasse doit prévaloir, c’est-à-dire si avant de se servir de ses armes il faut les gagner, tu ne dois pas porter mon aigle aux blanches ailes avant de m’en avoir désarmé. Mais puisque j’ai consenti au traité, je ne veux pas revenir sur ma parole : la seconde bataille sera pour moi, si la première reste acquise au roi d’Alger.

« Si vous troublez en partie l’ordre du combat, je le troublerai totalement, moi. Je n’entends pas te laisser ma devise, si tu ne la disputes pas à moi-même sur-le-champ. » « Vous seriez Mars l’un et l’autre — répondit Mandricard furieux —