Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/119

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qui se précipitent sur lui en mugissant, leur oppose la proue de son navire, et, voyant la mer s’élever si haut, regrette de n’être point à l’abri sur le rivage, Sobrin oppose son bouclier aux coups de l’épée de Falérine.

Balisarde est d’une trempe tellement fine, qu’aucune arme ne peut l’arrêter. Puis elle est entre les mains d’un guerrier si vaillant, entre les mains de Roland, unique au monde ! Elle fend l’écu de Sobrin sans être arrêtée par les cercles d’acier dont cet écu est protégé ; elle fend l’écu et retombe sur l’épaule du vieux chevalier.

Elle retombe sur l’épaule, et bien qu’elle rencontre le double obstacle de la cuirasse et de la cotte de mailles, elle continue sa route et ouvre dans l’épaule une large plaie. Sobrin riposte, mais c’est en vain qu’il essaye de blesser Roland auquel, par grâce spéciale, le Moteur du ciel et des étoiles a accordé le don de ne pouvoir jamais avoir la peau trouée.

Le valeureux comte porte un second coup à Sobrin dans l’intention de lui enlever la tête des épaules. Sobrin qui connaît la vigueur du prince de Clermont, et qui sait combien peu lui servirait de lui opposer son écu, se recule vivement, mais pas assez pour éviter de recevoir sur le front le coup de Balisarde. Le coup tombe à plat, mais d’une telle force, qu’il aplatit le casque de Sobrin, et étourdit le malheureux chevalier.

Sous le coup formidable, Sobrin tombe à terre, d’où il ne peut se relever qu’après un long mo-