Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/122

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les yeux et regarde de tous côtés. Apercevant son maître, il se hâte de lui venir en aide, se dissimulant de façon à ne pas être vu.

Il s’approche d’Olivier qui, les yeux fixés sur Agramant, ne faisait pas attention à autre chose, et, le prenant par derrière, il frappe son destrier aux jarrets d’un coup qui force la malheureuse bête à trébucher. Olivier tombe, mais il ne peut se relever, car, dans cette chute inattendue, son pied gauche s’est trouvé pris sous son cheval.

Sobrin lui porte un second coup du revers de son épée. Il croit lui faire sauter la tête, mais il est arrêté par l’armure faite d’un acier trempé jadis par Vulcain, et qui a été portée autrefois par Hector. Brandimart voit le péril, et court à toute bride sur le roi Sobrin. Il le frappe à la tête et le renverse ; mais le fier vieillard se relève sur-le-champ,

Et retourne à Olivier, afin de l’expédier pour l’autre monde, ou du moins pour l’empêcher de se dégager de dessous son cheval. Olivier a son meilleur bras libre, de sorte qu’il peut se défendre avec son épée. Il la fait tournoyer avec une telle vigueur, qu’il tient Sobrin à distance.

Il espère, s’il réussit à le maintenir en respect, avoir ainsi le temps de se dégager. Il voit du reste son adversaire couvert de sang dont il arrose le sable, et si faible qu’il se soutient à peine et ne peut tarder à être vaincu. Olivier fait de nombreux efforts pour se dégager de dessous son destrier, sans pouvoir y parvenir.