Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/242

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Léon, saisi de grande pitié, embrassa Roger et lui dit : « Chevalier, ta haute vaillance m’a lié indissolublemement à toi d’une volontaire et éternelle amitié. Tes intérêts me sont plus chers que les miens, et pour te sauver j’expose ma propre vie. L’amitié que je porte à mon père et à toute ma famille passe après ton affection.

« Tu me comprendras mieux quand tu sauras que je suis Léon, fils de Constantin, et que je viens te sauver, comme tu vois, en personne, bravant le danger d’être chassé à jamais par mon père, s’il vient à savoir ce que je fais pour toi. Tu as mis ses gens en déroute et tu lui en as tué la plus grande partie devant Belgrade ; c’est pourquoi il te hait. »

Il poursuit en lui disant tout ce qu’il pense de nature à le rappeler à l’amour de la vie. Pendant. ce temps, il le débarrasse de ses chaînes. Roger lui dit : « Je vous ai une reconnaissance infinie ; cette vie que vous me donnez, j’entends qu’elle vous soit rendue à quelque heure que vous la demandiez, et toutes les fois que vous aurez besoin que je l’expose pour vous. »

Roger une fois hors de ce cachot obscur, on descendit à sa place le cadavre du geôlier, sans que Roger ni ses compagnons fussent reconnus par personne. Léon conduisit Roger dans ses appartements, où il lui conseilla de rester caché quatre ou cinq jours. Pendant ce temps, il essaierait de ravoir les armes et le vaillant destrier qu’Ungiard lui avait enlevés.