Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/44

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vence. Il trouva son roi assiégé dans Arles que le camp de Charles entourait d’une ceinture d’un mille de large.

Le roi Agramant, comprenant à quel péril il avait exposé son royaume pour vouloir conquérir celui de Pépin, assembla en conseil les princes et les rois sarrasins. Après avoir une ou deux fois tourné la tête du côté de Marsile et du côté du roi Sobrin, les deux plus âgés et les deux plus sages de tous ceux qui étaient accourus à son appel, Agramant parla ainsi :

« Bien que je sache qu’il est pénible pour un capitaine de dire : Je n’y avais point pensé, je le dirai cependant, car lorsqu’un dommage arrive contre toute prévision humaine, il semble que ce doive être une excuse suffisante pour celui qui s’est trompé. C’est là mon cas. Je me suis trompé en laissant l’Afrique dépourvue d’armée, puisqu’elle devait être attaquée par les Nubiens.

« Mais qui aurait pu penser, hors Dieu seul à qui aucune chose future n’est cachée, qu’une si grande quantité de gens dussent venir de contrées si éloignées pour nous attaquer ? Entre eux et nous, s’étend le sol mouvant de ce désert de sable sans cesse bouleversé par les vents. Cependant ils sont venus assiéger Biserte, et ont rendu l’Afrique en grande partie déserte.

« Or c’est à ce sujet que je requiers votre avis. Dois-je partir d’ici avant d’avoir obtenu le résultat que je poursuis, ou dois-je poursuivre l’entreprise jusqu’à ce que je puisse emmener avec moi Charles