Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/62

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des vallées les terres et les récoltes, et lutter à qui fera le plus de dégâts sur leur passage ;

Ainsi les deux magnanimes guerrières, courant à travers le camp par des routes différentes, produisent de grands ravages parmi les bataillons africains, l’une avec la lance, l’autre avec l’épée. Agramant a beaucoup de peine à retenir autour de leurs bannières ses gens qui prennent de tous côtés la fuite. En vain il s’informe, en vain il regarde autour de lui ; il ne peut savoir ce qu’est devenu Rodomont.

C’est à son instigation qu’il a rompu — il le croit du moins — le traité pour lequel les dieux ont été pris à témoin. Il se repent d’avoir été si prompt à l’écouter. Il ne voit pas non plus Sobrin. Ce dernier s’est retiré dans Arles, repoussant toute complicité dans un tel parjure, dont à son avis la punition va, le jour même, retomber sur Agramant.

Marsile, lui aussi, s’est réfugié dans la ville, le cœur rempli d’indignation pour la foi violée. Aussi Agramant se trouve-t-il en un grand péril, au milieu des Italiens, des Allemands et des Anglais que conduit l’empereur Charles, et qui sont tous gens de haute valeur. Parmi eux, les paladins brillent comme des pierreries dans une broderie d’or.

À côté des paladins, se font remarquer, comme les meilleurs chevaliers qu’on puisse voir au monde, Guidon le sauvage, au cœur intrépide, et les deux illustres fils d’Olivier dont je ne veux pas rappeler