Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’était Fleur-de-Lys, dont le cœur brûlait d’un si grand amour pour Brandimart, qu’elle avait failli devenir folle de douleur, quand il avait été fait prisonnier à l’attaque du pont. Ayant appris par le païen qui l’avait capturé, qu’il avait été envoyé dans la ville d’Alger avec beaucoup d’autres chevaliers, elle avait traversé la mer.

Comme elle cherchait les moyens de passer en Afrique, elle avait trouvé à Marseille un navire venant du Levant, et qui portait un vieux chevalier au service du roi Monodant. Ce vieux serviteur avait parcouru un grand nombre de provinces, errant sur mer et sur terre, à la recherche de Brandimart. Il avait appris en chemin qu’il le trouverait en France.

Ayant reconnu Bardin, le même qui jadis avait enlevé à son père le jeune Brandimart et l’avait élevé à la Roche des Bois, Fleur-de-Lys apprit de lui les motifs de son voyage, et lui racontant à son tour comment Brandimart était passé en Afrique, elle l’avait décidé à s’embarquer avec elle.

Dès qu’ils furent à terre, ils apprirent qu’Astolphe assiégeait Biserte. On leur dit, mais non d’une manière certaine, que Brandimart était auprès de lui. À cette nouvelle, Fleur-de-Lys s’était empressée d’accourir, comme on vient de le voir, et son allégresse indiquait combien avait été grande son angoisse passée.

Le gentil chevalier, non moins joyeux de revoir sa fidèle et chère épouse qu’il aimait plus que toute autre chose au monde, la serra dans ses bras, et