Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/84

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sins et à ses cavaliers, chargés de pierres, de poutres, de fascines et d’autres matériaux, d’arriver sains et saufs jusqu’au pied des remparts.

Les fascines et les pierres passent de main en main ; chacun jette sa charge dans les fossés dont on avait détourné l’eau dès la veille, de sorte qu’on en pouvait voir le fond fangeux. Les fossés ne tardent pas à se combler jusqu’au niveau de la campagne. Astolphe, Roland et Olivier se préparent à escalader les murailles avec leur infanterie.

Les Nubiens, impatients de tout retard, et poussés par l’espoir du pillage, s’avancent, sans se soucier du danger. Abrités sous leurs boucliers formant tortue, ils portent les béliers et les autres instruments propres à faire brèche dans les tours, et à rompre les portes élevées. En un clin d’œil ils sont aux remparts, mais les Sarrasins ne se laissent point surprendre.

Faisant pleuvoir, comme une tempête, le fer, le feu, les merlons et les créneaux, ils brisent, entr’ouvrent le toit formé par les boucliers, ainsi que les pièces des machines au moyen desquelles les assiégeants cherchent à leur nuire. Tant que dure l’obscurité, les troupes chrétiennes ont fort à souffrir ; mais dès que le soleil est sorti de sa riche demeure, la Fortune tourne le dos aux Sarrasins.

De tous les côtés à la fois, du côté de la mer comme sur la terre ferme, le comte Roland fait renforcer les troupes qui montent à l’assaut. Sansonnet, dont la flotte est restée au large, entre dans le port et s’adosse au rivage. De là, il attaque vi-