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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/102

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

ce qu’il vaut pour n’en être pas dupe, l’utiliser et le dominer.

Une jolie femme va dans un grand restaurant de Paris. Elle est avec son mari, des personnes âgées, des messieurs décorés et connus comme des gens riches et considérables.

Elle a été naturellement correcte comme il convient. Elle n’a pas eu un coup d’œil de trop. Elle s’est imposée par son respect et même sa sévérité comme une femme du monde. Et pourtant, au moment où l’on se lève et où l’on apporte les manteaux, un maître d’hôtel très vénérable et qui a certainement dans la maison une situation importante lui chuchote avec une voix blanche, presque imperceptible en guidant son bras dans la manche de sa fourrure :

« À quelle adresse le monsieur brun qui est dans le coin à droite peut-il écrire à madame ? C’est un banquier très riche et très généreux. »

Non, la jolie femme ne doit pas répondre :

« Pour qui me prenez-vous ? » Non, elle ne doit pas non plus prévenir son mari.

Elle n’a qu’à regarder le visage du maître d’hôtel sur lequel est peinte une immense honorabilité pour estimer qu’il accomplit là un acte qui ressort essentiellement de son emploi autant que