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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/103

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

celui de présenter le soufflet vanillé ou l’ananas glacé.

Ce maître d’hôtel n’est peut-être pas entremetteur par nature, mais il sait d’instinct que les gens n’entrent et ne sortent, ne viennent s’asseoir à une table fleurie, que les femmes n’ont des toilettes claires et les hommes des airs jaloux que parce qu’ils sont tourmentés par une pensée d’amour. Il sait que le véritable intérêt de l’heure n’est pas dans le plat et dans les vins qu’il sert, mais dans le feu des regards qui font communiquer les êtres les uns avec les autres.

De même que le maître d’hôtel, le bijoutier apprendra avec faveur les unions illégitimes, les amours, les adultères, tout ce qui sera pour lui une cause d’achat. Le bijou est la convoitise suprême de toutes les femmes, le cadeau par excellence, et c’est pour l’avoir aperçu à une devanture de la rue de la Paix qu’elles consentent souvent à reposer sur des poitrines inconnues, s’efforçant d’échanger la petite pierre taillée ou la perle veloutée contre des simulacres d’amour.

Le bijoutier est discret, il comprend tout à demi-mot, il grave à l’intérieur des bagues des initiales qui ne sont pas celles de l’épouse et il ne