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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/107

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Mercure à douze cents francs par an, comme le fils de Jupiter tu es rapide et quelques secondes te suffisent pour parcourir de l’œil une centaine de lettres, Tu es même trop rapide, car tu fais croire parfois que tu as mal vu et que tu as laissé passer par distraction dans le tas la précieuse lettre. Comme l’inventeur de la lyre, tu es vigilant. Tu exiges deux enveloppes pour bien t’assurer qu’il n’y a pas de tromperie et que celle qui vient réclamer la lettre est bien celle à qui elle est adressée. Tu es même trop vigilant, car si l’on a oublie de prendre ce jour-là les deux enveloppes, tu deviens terrible et tu refuses même de dire si la lettre est là. Employé des postes, transmetteur des rendez-vous clandestins, des propositions inattendues, aide des gens sans adresses avouables, des personnages dont les noms sont des chiffres ou des numéros de billets de banque, secours des jeunes gens dont les parents sont trop sévères, des épouses trop surveillées par leur mari, sois loué par tous les amants pour tout le bonheur qui s’échappe à travers la petite grille de ton guichet.