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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/110

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

— Vous êtes décidément connu partout.

Si l’homme a insisté pour que vous choisissiez vous-même le restaurant, il est élémentaire qu’on ne doit pas nommer Duval ou Boulant, qu’on doit en ignorer complètement l’existence.

Une femme doit donner à l’homme la sensation que sa vie se meut dans un certain cercle de luxe, de fantaisies coûteuses, d’habitudes chères. Donc pour se rendre au restaurant, quel qu’il soit, l’auto-taxi doit être hélé de préférence au fiacre. Si toutefois l’homme, par une habitude naturelle de médiocrité, a tout de suite fait signe à un cocher d’aspect minable et si un pauvre équipage est venu se ranger devant le trottoir, il ne convient pas de faire entendre la moindre récrimination. Mais, en affectant une extrême difficulté pour monter dans ce fiacre sans se salir, en relevant sa robe assez ostensiblement avec des précautions assez exagérées, on aura suffisamment fait sentir quel grand contraste il y a entre des roues boueuses et un bas de soie irréprochable, de tout petits souliers vernis qui miroitent.

On hésite encore parmi les cahots du fiacre et la femme doit avec art concilier son prestige de femme de goût avec la fortune de son compagnon.