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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/119

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

D’une façon mécanique, comme une leçon, il récitait des éloges démesurés, où il était dit qu’elle était la plus belle des femmes et l’artiste du monde qui avait le plus de talent.

Malgré l’absence évidente de rapport entre ces éloges et le sujet de la discussion, l’amie de Jules V… s’apaisait aussitôt, flattée, heureuse, vaincue par son orgueil.

Me trouvant un été avec Juliette D… au château de X…, je reçus pour la première fois ses confidences. Elle était mon amie depuis très longtemps, mais jamais elle ne m’avait dit un mot de sa vie privée.

Vivant avec un mari odieux et qui la délaissait, on ne lui connaissait cependant aucune intrigue. Elle m’avoua qu’elle n’en avait, en effet, jamais eue, non par scrupule moral, car elle détestait son mari, non par manque de désirs, elle me dit qu’elle en était, au contraire, toute brûlée — mais par orgueil.

La peur de déchoir à ses propres yeux et aux yeux de l’homme auquel elle se serait donnée l’avait jusqu’à ce jour retenue et défendue contre les sollicitations que provoquaient sa beauté et la liberté dont elle jouissait. Elle avait été souvent au bord de l’amour et elle avait toujours reculé à la