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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/120

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

dernière heure, dans la crainte d’être, après, un peu moins elle-même, diminuée dans sa dignité.

Juliette D… me confia qu’elle sentait maintenant un véritable amour pour Lucien de F… et qu’elle était décidée à ne pas laisser s’envoler cette unique possibilité de bonheur. Elle avait réfléchi, et elle trouvait que, de tous les hommes qu’elle avait connus, Lucien était le seul capable de la comprendre. Enfin elle l’aimait.

Lucien était au château avec nous. Il entourait Juliette D… d’une cour de tous les instants. Il ne la quittait pas, et il était visible, pour un esprit attentif, qu’il l’aimait très profondément.

Pourtant, à ma grande surprise, l’attitude de Juliette D… ne varia pas. Elle resta hautaine, glacée, feignant de ne pas voir et de ne pas comprendre les avances de Lucien. Celui-ci écrivit, elle ne lui répondit pas.

Comme elle ne me parlait plus de rien, je la crus, pareille à beaucoup de femmes, variable dans ses désirs, et je crus qu’elle avait oublié sa grande passion d’un moment.

Ce n’est que lorsque Julien de F… eut quitté le château qu’elle vint me trouver en pleurant et qu’elle me peignit le désespoir qu’elle éprouvait. Elle avait vu celui qu’elle aimait la désirer, elle