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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/124

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

plus facile pour la femme qu’on ne s’attend pas à ce qu’elle le soit, l’homme ayant décrété depuis longtemps que l’intelligence est un apanage exclusif pour lui.

Il ne faut pas mépriser les paroles obscures et à double sens. Elles semblent révéler une âme profonde, énigmatique ; elles troublent et elles inquiètent.

Beaucoup de femmes passent pour intelligentes parce qu’on ne comprend rien à ce qu’elles disent. Mais, dans ces cas-là, une immense conviction est indispensable, de même qu’une certaine habileté, permettant d’écarter les questions dangereuses.

Mon amie X…, que j’avais toujours admirée pour son aisance à aborder d’elle-même les sujets les plus divers et les plus ardus et à les traiter avec compétence, me confia, un jour, son procédé.

— Je consacre, me dit-elle, une demi-heure tous les matins, quand je m’éveille, à lire un journal. Je n’en lis qu’un, mais je lis d’un bout à l’autre et avec une extrême attention, depuis l’article de fond jusqu’aux réclames de la dernière page. Cela me suffit largement. Il y a un enseignement dans tout, même dans le feuilleton. Les notes mondaines me permettent de faire croire au besoin, et sans mentir, à d’illustres relations. Il suffit par exemple