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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/125

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

de savoir que Mlle X…, de l’Opéra, a été chez le duc X… et qu’elle y a chanté Thaïs ou La Walkyrie pour que le simple énoncé de ce fait fasse supposer implicitement que j’étais là. Ayant lu le compte rendu des nouvelles pièces, je peux me dispenser d’aller au théâtre, et en me rangeant sur tous les points à l’avis du critique, j’ai une opinion juste et sensée.

Il y a des femmes qui laissent tomber dans la conversation :

— Moi, je suis une nietzschéenne.

C’est aller un peu loin.

Un de mes amis me racontait qu’une demi-mondaine du quartier latin, qui avait des aspirations d’intellectualité et dont le prestige s’exerçait sur des étudiants et de jeunes hommes de lettres, arrivait souvent à la taverne du Panthéon portant sous son bras le Discours de la méthode, de Descartes. Elle écornait même une page, qui marquait l’endroit où elle en était restée de sa lecture.

J’ignore ce que pensaient ses admirateurs, mais il me semble qu’elle avait dépassé le but.

Il convient de laisser traîner sur la table de son salon certains livres dont le choix décèle un goût assez raffiné d’art. Je ne saurais trop conseiller Dominique et l’Éducation sentimentale. Pour la