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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/130

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Puis tu vas embrasser ton père et annoncer cette bonne nouvelle à tes sœurs. Elles ne l’ignoraient point. Elles ont été consultées et elles ont donné à cette mesure une approbation dédaigneuse.

Ainsi donc sont terminées les soirées de Cendrillon. Tu n’aideras plus la femme de chambre à parfumer un mouchoir, à épingler une fleur, à faire chauffer le fer pour les frisures de la dernière heure. Tu n’accompagneras plus sur le palier de l’appartement un cortège de famille étrangement transformé par l’allure enfiévrée des visages et la magnificence des costumes ; tu n’auras plus, la porte refermée, une sensation d’abandon et de solitude, aggravée de la vision du désordre des autres ; tu ne craindras plus d’être éveillée au matin par les petits souliers qui tombent, les confidences chuchotées de tes sœurs ou quelque baiser morne ayant un relent de fatigue, de champagne, de poudre flétrie. Tu vas tâcher d’être belle et d’être heureuse pour ton propre compte.

Un bal ! Tu vois confusément dans ton esprit des salons immenses, une lumière éblouissante, des femmes d’une rare beauté, des jeunes gens d’une élégance inouïe. Tu vas enfin connaître les fameux fils X…, avec lesquels tes sœurs se glorifient d’avoir dansé une fois, qu’on se dispute