Aller au contenu

Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

127
L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

dans toutes les réunions, qui conduisent les cotillons et dont les décisions ont force de loi dans tout ce qui est petits jeux, charades, danses nouvelles. Tu vas enfin être un acteur de cette cérémonie fructueuse qu’est le cotillon et dont tu ignores encore les rites ; tu en rapporteras aussi une moisson d’objets divers, inutiles et dorés, des aigrettes de métal, des fleurs de papier d’argent, des tambourins et des éventails, dont tu orneras ta chambre et qui feront ta gloire pour longtemps.

Tu comptes les jours, car la vie est longue quand on est très jeune. Mais pour te faire prendre patience, tu as les essayages chez la couturière pour la confection de ta première robe de bal. Elle sera rose. Ta mère n’aura permis qu’un décolleté insignifiant. Mais tu t’en moques. À ton âge, on ne pense pas encore à la séduction de son corps : on s’imagine que le visage seul est essentiel. À cause de cette erreur, tu donneras au jupon une importance et un luxe déplacés et tes hanches sveltes et le contour de tes genoux disparaîtront dans le fouillis des garnitures.

Jeune fille, ce qui cause ta joie c’est le sentiment que ton être se développe, que tu joues pour la première fois un rôle considérable, que ta personnalité s’affirme par une action éclatante.