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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/150

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Je donne cette lettre comme un document qui éclairera peut-être un peu son cas :

« Ma chère X…,

« Tu es bonne de ne pas me faire trop de morale pour mes peccadilles. Tu es une amie véritable, et, puisque tu es si large d’idées, je continuerai à être franche avec toi.

« Laisse-moi pourtant te dire, en passant, que ton indulgence, que tu taxes de faiblesse, n’est que le fait d’une grande intelligence et que tu as raison de placer bien au-dessus de toutes les considérations de morale mondaine un goût profond de l’amour, dépouillé de toute hypocrisie.

« C’est si bon, ma grande amie, d’être si bien comprise ! Tu sais, toi, que je suis une nature spéciale, sincère, un peu bizarre, et tu comprends avec ta petite Juliette qu’il est doux de suivre quelquefois ce sentier d’à côté où l’on respire les fleurs enivrantes du désir. J’aime l’amour à ma façon, un peu capricieuse, mais je l’aime avec un cœur qui bat si fort, avec des lèvres qui sont si chaudes, avec des mots qui sont si vrais, que je n’ai ni remords, ni conscience de mal faire.

« Je vais donc te raconter encore tout ce qui m’est arrivé depuis que je ne t’ai vue.