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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/151

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

« J’allai passer quelque temps chez les X… Naturellement, mère n’avait pas voulu m’accompagner. Elle m’avait confiée à la vigilance de miss. Nous prîmes, vers trois heures, le chemin de fer d’intérêt local qui réunit Saint-Pourçain à Moulins.

« J’avais un livre et un bouquet de roses à la main.

« Nous trouvâmes installé dans le compartiment un homme, jeune encore, vingt-huit ans tout au plus, l’aspect d’un homme du monde, avec un physique médiocre, caractérisé seulement par deux grands yeux noirs très brillants, un peu fixes.

« Ses yeux me semblèrent s’allumer davantage à ma vue. Le train se mit en marche ; miss ouvrit un roman anglais, et le jeune homme en face de moi m’observait avec une grande attention.

« J’essayai de lui faire baisser les yeux ; mais alors son regard se dérobait vers le paysage ou vers sa chaîne de montre. Je pris mon livre et je simulai une complète indifférence.

« Au bout d’un instant le bruit d’une respiration régulière m’annonça que miss, selon sa coutume, s’était endormie d’un profond sommeil. Mon premier mouvement fut de la réveiller.

« Mais à quoi bon ? Le jeune homme en face de moi ne faisait pas mine d’entrer en conversation, il