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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/160

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

tions toujours renouvelées et qui n’ont jamais un assouvissement absolu.

« Est-ce moi qui ai raison contre toi, et le bonheur dans l’amour est-il d’autant plus grand que le don de soi-même est moins complet, toujours imminent, toujours reculé ?

« Je le crois, et, devant ce parc, ce château, ces chemins déclinant sous les arbres, ces futaies que j’identifie à la pensée de Raymond, il me semble que le sentiment de l’amour doit être de même essence que le sentiment de la nature, c’est-à-dire qu’il ne doit jamais être entièrement satisfait. »

Je n’ai pas changé un mot à cette lettre, dont les dernières lignes me paraissent la seule explication de la conduite de Marinette dans la vie. Mais il me semble que la seule réponse qu’on puisse lui faire est de dire qu’il est difficile de juger du goût d’un vin si l’on se contente de la légère ivresse de son parfum, sans jamais oser le boire.