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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/162

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

ou par le pittoresque de la conversation, il suffit à frapper vivement l’esprit des hommes.

Les femmes devraient apporter une grande prudence dans les jugements sévères qu’elles émettent si fréquemment, et sans en mesurer la portée, au sujet des actrices.

C’est un préjugé barbare de croire que le milieu du théâtre est recruté dans les couches inférieures de la société. En réalité, il est le refuge de toutes les indépendantes, de toute une catégorie de déclassées appartenant à tous les mondes, et il renferme tout de même une pure élite d’âmes sincères.

Quel que soit le résultat d’art atteint, on ignore trop dans le monde la somme d’effort que représente ce résultat même minime.

— Madame est servie…, dit Mlle X… à l’Odéon.

Son rôle ne comporte que ces trois mots et le spectateur ignorant sourit de pitié s’il arrête un instant sa pensée sur le rôle de Mlle X…

Et pourtant… que d’efforts cela représente ! que d’angoisses ! que d’espérances aussi vite déçues que formées ! Que de démarches, que de sacrifices !

Mais cette peine n’est pas inutile. Le spectateur ignorant a beau sourire, si le hasard lui fait faire connaissance de Mlle X…, il sera flatté et quand