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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/177

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

baisers, une économie de salive sur leurs bouches d’amants défiants.

Oui, malédiction sur les avares ! Leurs discours sont entremêlés de sentences sur la valeur de chaque chose et ils ont l’air de regretter même le prix du temps qui passe. Avec eux n’est point possible cette chose délicieuse pour une femme qu’est le gaspillage des petites choses : faire attendre un taxi quand on fait une course de longue durée, ou en prendre un pour franchir une distance infime ; demander au restaurant une bouteille d’un vin dont on ne boit qu’une gorgée, ou un fruit qui n’est pas de saison ; jeter des gants blancs portés quelques minutes, parce qu’ils ont une tache presque invisible, etc.

Ils connaissent toutes les correspondances des omnibus et ils les indiquent volontiers, même à des indifférents, car leur désir d’économie s’étend à toute l’humanité. Ils ont des amitiés bizarres, soit pour obtenir des billets de théâtre qui ne leur coûtent rien, soit pour avoir des produits de toute sorte à des prix exceptionnels, et ils se réjouissent d’achats avantageux comme de la chose la plus agréable du monde.

Les avares sont ceux qui exigent le plus des femmes. Ils sont en amour conformes à eux-mêmes : ils veulent posséder.