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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/180

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Il y a des êtres qui sont nés pour l’amour. Ils y consacrent leur vie ; ils en font le point culminant de leurs pensées. C’est le but, la raison d’être, l’effort de leur ambition. Ils gagnent de l’argent pour se rendre l’amour plus facile, plus attrayant, plus intense. Ils tâchent d’acquérir des avantages physiques et moraux pour plaire davantage ; ils lisent des livres où la passion est exaltée, chérissent l’oisiveté et la solitude, qui sont des conditions essentielles du désir. Ce sont des créatures faites pour la volupté.

Que la vierge aux allures libres qui, vers dix-sept ans, sent dans son cœur le démon de la curiosité, prenne garde au chemin qu’elle va choisir ! Que l’épouse insatisfaite par les caresses de son mari, ou celle qui a un mari toujours absent et qui, comme l’épouse de Barbe-Bleue, a reçu une petite clef de métal qui ferme la porte défendue, réfléchisse bien avant de faire tourner les gonds terribles, si elle ne craint pas de voir les sept mortes accrochées au mur !

C’est une voie redoutable que celle de la volupté, une voie où il y a des regrets, des nostalgies, des heures troubles, des heures mauvaises, des jalousies, de la douleur. Une fois qu’on y est engagée, on ne peut revenir en arrière.