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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/182

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Au contraire, ils feront jaillir de leur rapprochement un perpétuel désir, et ce désir, peu à peu, rayonnera autour d’eux, s’étendra aux gens qui les entoureront.

Ils commenceront par être plus indulgents l’un vis-à-vis de l’autre, au point de vue de leur jalousie. L’amant ne se fâchera pas du baiser trop tendre de sa maîtresse sur les lèvres d’une amie ; un peu plus tard, il le favorisera. Puis le goût de pervertir naîtra en eux. Un lien de complicité et de trouble continuel les réunira, resserrera leur intimité, les attachera l’un à l’autre plus fortement que la vraie tendresse.

Ils auront sans cesse un désir commun de sensations violentes, ils chercheront à le combler, dans l’amitié docile d’une autre femme, dans le spectacle de filles leur donnant l’image du plaisir, dans le viol de leur intimité livrée à d’autres.

Ils connaîtront ce grand vide du cœur qui suit la fatigue des sens. Ils auront des remords et ils en joueront peut-être pour ajouter à leur plaisir. L’étrangeté de leurs nuits se reflétera le jour sur leurs traits ; ils auront la bouche sèche comme ceux qui ont soif ; ils seront toujours en éveil comme des chasseurs ; ils seront fidèles l’un à l’autre comme des complices.