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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/215

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

d’eux, elles assistent à l’éveil de leur désir, ce sont elles qui le déterminent.

Une habitude se crée vite. Qu’un jeune homme ait quelques déconvenues successives avec des femmes d’une autre condition, que son physique ou son caractère soit la cause chez lui d’une excessive réserve et il reviendra vite à la maîtresse domestique, que sa situation empêche d’être fuyante comme les autres femmes, puisqu’elle ne quitte pas l’appartement, cruelle, puisque sa servitude l’oblige à céder, impolie, puisque la civilité est la première qualité exigée d’une bonne.

Il est amer de songer que celle à qui nous donnons nos bottines usées, le corset dont nous ne voulons plus, qui vide les eaux de notre toilette, aide la cuisinière à peler les oignons, à laver la vaisselle, est pour nous une rivale, a partagé de chers baisers, entendu les mêmes paroles d’amour que nous.

Et il ne faut pas s’abuser et se croire hors de danger si nous avons une bonne dont la laideur et le manque de soins sont indiscutables. Car l’amour du vulgaire, un incroyable amour de ce qui est humble et grossier est dans le cœur de tous les hommes, même les plus délicats.