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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/232

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

lui. Il n’est pas assez doux, il n’est pas assez tendre, nous exagérons à dessein ce qu’il a pu nous faire de mal, pour mieux faire ressortir une tyrannie que nous ne subissons pas. Nous inventons sans raison des griefs, nous nous donnons comme des victimes. Et pourtant nous l’aimons.

L’amie décrie volontiers son amie. Si elle lui reconnaît des qualités de cœur, elle rit de ses toilettes sans goût, de sa naïveté, de sa crédulité à l’égard d’un mari qui la trompe avec tout le monde, elle se plaint de son avarice. Pourtant elle a de l’amitié pour son amie.

La bonne la plus fidèle dit aux autres hommes que nous portons une perruque, que notre linge est mal tenu, et si on lui a confié un jour une lettre dont l’envoi doit demeurer ignoré, elle en copie avec soin l’adresse pour être en mesure de la dire à qui voudra l’entendre le lendemain. Et pourtant c’est une bonne fidèle.

Une foule d’hommes ne tirent le mérite de leur nature que d’une solide fidélité. Beaucoup qui sont stupides se cramponnent à une idée avec un aveugle entêtement qui leur tient lieu de volonté et bénéficient du prestige que l’on acquiert en défendant toujours la même idée. D’autres sont susceptibles de défendre leurs amis jusqu’au bout