Aller au contenu

Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

232
L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Nous passons dans la rue et nous sommes aussitôt suivies par une foule d’hommes qui se redressent, frisent leur moustache, font sonner leurs cannes sur le pavé. Ces hommes sont souvent d’une laideur risible, leur aspect atteste souvent la plus grande médiocrité ou le manque de soins physiques. Il n’importe ! Parce que nos yeux ont, par inadvertance, croisé les leurs, ils ont l’espérance de nous avoir séduites par ce seul regard.

Dans les magasins de nouveautés, les vendeurs, en comptant les mètres d’étoffe, se redressent pour faire valoir leur buste ; derrière leurs guichets, les employés des postes jettent des regards enflammés, et il n’est pas jusqu’à certains conducteurs d’omnibus qui ne vous tendent une correspondance avec autant de mystère qu’un billet doux.

Le don-juanisme est une maladie morale inguérissable. C’est une sorte de poison comme l’opium ou la morphine.

Celui qui a l’habitude de ce poison ne pourra l’arracher de son organisme. Quel que soit l’amour que lui donne sa femme, s’il se marie, et même quel que soit l’amour qu’il éprouve pour elle, un besoin éternel de plaire à d’autres femmes qu’il ne connaît pas sera dans son cœur. La qualité de ces femmes importera peu pour lui. Ce qu’il recher-