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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/237

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

chera en elles, ce n’est pas l’émotion de la beauté, une forme de tendresse, ce sera la satisfaction de son goût de troubler, l’inquiétude agréable de la victoire ou de la défaite.

Malheureuse sera la femme qui aimera cet être toujours insatisfait, toujours désireux de nouveauté. Rien ne le rebutera, ni la déception, ni la laideur, ni la difficulté.

Tout visage entrevu dans une voiture sera pour lui une cause de regret. En prenant le café au lait des mains de la bonne, il aura un long coup d’œil pour la remercier. Si vieille et si laide que soit la concierge, il aura pour elle des politesses, des confidences, à cause de sa qualité de femme.

Cet homme léger est facile à séduire, mais il est difficile à retenir. Il ne faut pas lui accorder beaucoup pour qu’il commence à vous échapper. Ce qu’il aime, c’est le premier frisson de la main pressée en voiture, le mouvement du sein, l’inclinaison de tête d’une femme qui sent qu’elle va être embrassée.

À peine lui a-t-on donné un peu de soi qu’il songe déjà à un don différent, qu’il est lointain et distrait, et cette distraction fait un vide entre nous que nous voulons combler et qui nous fait faire un pas vers lui, aussitôt suivi d’un recul de sa part.