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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/243

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L’AMOUR & LES POISONS


RÉHABILITATION DES POISONS

L’amour est un poison. Il est quelquefois aussi doux que le sommeil sous les manceniliers qui cause la mort, il peut être amer comme la ciguë. Nous aspirons ce poison de toutes nos forces. Nous ne craignons pas de lui une accoutumance plus terrible que celle de la morphine, des vertiges plus dangereux que celui que nous donne la première pipe d’opium.

Nous buvons sans remords la salive des baisers et nous gardons d’elle, pourtant, une ivresse que nous ne pourrons plus chasser, qui sera obsédante et douloureuse, qui nous pâlira et nous fera pleurer.

Nous ne redoutons pas le poison essentiel de la vie et nous tremblons comme des petites filles à l’idée de prendre soit de l’opium, soit de l’éther qui pourtant nous délivrera de la douleur quand nous souffrirons.