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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/244

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L’AMOUR ET LES POISONS

Les poisons sont très calomniés dans notre société. Ils le sont injustement et il convient de les réhabiliter. Le seul danger est d’en prendre avec excès, et ce danger existe pour toutes les choses de la terre.

Il faut les mesurer à son âme, comme le pharmacien les mesure et les dose quand il les prépare comme remède de notre corps. Pris avec modération, et dans ce cas seulement, ils seront un merveilleux dérivatif de nos chagrins, ils nous guériront de la tristesse de ne pas être aimées, quand cela nous arrivera, ils ajouteront à notre joie de l’être, quand nous aurons le bonheur d’être enveloppées d’amour.

Ils feront davantage : ils nous transporteront dans un monde subtil et merveilleux où les sens sont plus délicats, ou les affinités entre les êtres sont plus étroites, où s’établissent de mystérieuses correspondances, où le sentiment de la beauté s’agrandit. Une fois que nous aurons pénétré dans ce domaine, nous serons d’autres êtres, supérieurs et meilleurs, capables de pensées plus vastes avec un cerveau élargi, un corps susceptible de voluptés plus grandes et plus variées.

Pour toutes les richesses qu’ils apportent on peut consentir à braver leur danger, à se rire du