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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/251

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DE L’OPIUM COMME ÉCOLE D’ÉTRANGETÉ

Marcelle D…, une petite jeune fille de dix-huit ans et qui se destinait au théâtre, me répétait souvent, quand je lui parlais de ce qu’elle voudrait être, de son avenir :

— Je voudrais être une femme étrange.

Elle était jolie, certes, avec ses longs cheveux blonds, sa taille élancée, ses traits réguliers. Mais un je ne sais quoi de bourgeois, une absence totale d’étrangeté, diminuait beaucoup son charme, la rendait inexplicablement insignifiante.

Cela venait-il de la présence continuelle de sa mère à ses côtés, ou de son visage trop rond, ou de son regard toujours empreint d’une bonté affectueuse pour tout le monde ? Je ne sais, mais je me disais à part moi :

« Marcelle deviendra peut-être une actrice célèbre, elle aura beaucoup d’amants ou sera, au contraire,