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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/255

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LE MIRACLE DE L’OPIUM

L’opium a sur l’imagination un merveilleux pouvoir. Il agrandit et il transforme, il accomplit le miracle de faire paraître beau ce qui est laid, désirable ce que vous détestez.

J’en citerai pour exemple ce qui m’arriva le soir où j’ai fumé de l’opium pour la première fois.

Je dois dire avant toute chose que j’ai horreur des hommes qui portent toute leur barbe. D’autres considèrent complaisamment la barbe soit comme un indice de force physique, soit comme une garantie de sérieux moral ; mais moi j’ai horreur de cette forêt hirsute qui recouvre le visage et qui vous pique odieusement.

Je voyais beaucoup à ce moment-là Éliane X… et je rencontrais chez elle un certain Odon qui se disait amoureux fou de moi. Il l’était en effet, il m’accablait de fleurs, de bonbons, de visites. Or cet Odon avait contre lui, outre son nom que je trouvais ridicule, une longue barbe noire. De plus,