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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/259

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L’AMOUR ET LES POISONS

Malgré ses heures de solitude et d’intimité, elle n’avait pas, depuis un mois que cela durait, pu obtenir les preuves d’amour tant désirées par elle.

Elle me faisait ses confidences et se plaignait amèrement. Nous cherchions ensemble les raisons de cette froideur.

— Et pourtant il m’aime, disait Éliane. Il me le dit. La chaleur de ses paroles me le prouve, la chaleur de ses baisers aussi.

— Mais alors…

— Peut-être est-ce un être imaginatif qu’un ancien souvenir tourmente, ou un timide, un nerveux, que son excès d’amour paralyse. Ou bien est-ce le funeste effet de l’opium pris à trop haute dose…

Je penchais plutôt vers cette hypothèse. Et pourtant… disait alors mon amie… Oh ! si je pouvais passer avec lui une nuit entière.

Elle attendait impatiemment cette occasion, mais le congé d’Henri, l’officier de marine, expirait, et il fut obligé de repartir pour Toulon justement l’avant-veille du jour où, le mari d’Éliane faisant un voyage d’affaires en Angleterre, elle aurait pu disposer de la nuit tant désirée.

Mais c’était une femme de résolution.