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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/260

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L’AMOUR ET LES POISONS

— Je pars pour Toulon, me dit-elle, et tu m’accompagnes.

J’étais seule, j’étais libre, je vis là un moyen de me distraire et de suivre les péripéties d’une histoire qui m’intéressait. J’acceptai.

— Odon viendra avec nous, ce sera bien plus amusant, me dit ensuite Éliane.

— Alors vous partirez tous les deux sans moi, répondis-je.

Car la seule pensée de l’amour d’Odon m’était odieuse.

Éliane m’assura que, puisque tel était mon désir, Odon ne serait pas notre compagnon, et elle en profita pour me blâmer aussi de dédaigner un amour aussi grand et aussi sûr.

— Et puis, ajouta-t-elle en riant, un homme qui a une aussi grande barbe ne t’exposerait certainement pas aux humiliations infligées par des fumeurs d’opium au visage glabre.

Quels ne furent pas mon désappointement et ma colère quand en descendant du Grand Hôtel de Toulon, où nous venions d’arriver, j’aperçus Odon avec une barbe plus longue que jamais qui s’écria hypocritement :

— Quel heureux hasard !

Il prétendit que des affaires l’avaient appelé dans