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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/271

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L’AMOUR ET LES POISONS

kif des Arabes, ni l’opium des Chinois pris en même temps que le haschisch ne m’ont donné de résultat. J’ai lu quelque part que cet effet peut être produit par un extrait de bois de Kinam fabriqué dans l’Inde. J’ai écrit pour en avoir à un ami de collège que j’ai à Pondichéry, mais il m’a répondu qu’il ne connaissait pas ce dont je voulais parler et il a ajouté de sottes railleries.

Le poète T… n’écrit plus guère que des poésies très courtes et dont le sens échappe à un esprit normal.

Un de ses amis m’a raconté qu’un soir il était chez lui, avec d’autres amis. T… avait pris plus de haschisch que d’habitude. Il était tard et on parla de souper. T… habitait à un second étage à Montmartre et de sa fenêtre ouverte on apercevait un restaurant de nuit.

— Je vais chercher ce qu’il faut pour souper, dit-il.

Avant qu’on ait pu le retenir il avait franchi la fenêtre, doucement, sans hâte, pour rejoindre le restaurant à travers cet espace dont il n’avait plus la notion.

Il tomba et se cassa les deux jambes. Et pourtant cela ne l’a pas guéri.