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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/277

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LES SNOBS DES POISONS

Rien n’est plus odieux que cette catégorie d’hommes qui se vantent à tout propos de fumer de l’opium, qui tirent vanité de priser de la cocaïne. C’est la pire espèce de snobs.

Paul G…, par exemple, un peintre qui aurait pu avoir du talent et qui était un homme charmant, est à présent infréquentable parce qu’il est devenu un monomane des poisons.

Si on lui demande pourquoi il semble fatigué, son visage s’éclaire, il se redresse avec orgueil et il déclare qu’il a fumé toute la nuit. Il énumère sans cesse les doses énormes de morphine qu’il prend, raconte que plusieurs fois il a failli en mourir et parfois même tire de sa poche une seringue dont il se pique devant vous. Il croit avoir par là, à vos yeux, un inestimable prestige quand au contraire il vous remplit de dégoût. Chose plus terrible, il aspire aussi à vous piquer et il n’y a pas de présent qu’il ne fasse avec plus de joie que celui de la