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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/284

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L’AMOUR ET LES POISONS

poison est en nous. Un jour ou plusieurs jours encore, selon l’audace ou la timidité de l’homme, et nous aurons fait sa connaissance. Nous sortirons avec lui, nous lui donnerons des rendez-vous, il sera le but de notre pensée jusqu’à la minute où, enivrées par la liqueur qu’on ne voit pas, grises de la fumée qui n’a pas de volutes, ayant mangé la substance magique qui n’a ni forme ni couleur, nous nous pencherons dans ses bras et il prendra sur nos lèvres le premier baiser.

Et ce premier soir-là, quand, ayant monté à pas lents l’escalier de l’hôtel et traversé le corridor, nous regagnerons notre chambre, nous oublierons, par une imprudence à peine consciente, de donner le tour de clé habituel.

Car l’amour est de tous les poisons le seul dont on ne guérisse jamais, le seul qui mérite qu’on meure par lui.