Aller au contenu

Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

279
L’AMOUR ET LES POISONS

thé, nous regardons à droite et à gauche, nous marchons comme si nous étions à la recherche de quelqu’un. C’est que nous cherchons en effet de toute notre ardeur à apercevoir un visage aux yeux fixes, celui de l’homme dont nous avons senti le désir autour de nous.

Nous le rencontrerons fatalement, peut-être tout de suite, peut-être seulement à l’heure du dîner ; il sera à une table voisine de la nôtre et nous aurons la sensation de son regard audacieux sur nos épaules découvertes, car nous aurons mis ce soir-là une robe au décolleté très ouvert.

Nous voudrons d’abord garder l’attitude que nous avons adoptée, fuir son regard. Mais en nous le délicieux poison agira. L’étrange poison qui nous force à regarder l’homme qui nous regarde, à le regarder bien en face, longuement, malgré notre volonté avec une légère palpitation des narines ! Et un trouble délicieux nous enveloppe toute par la magie du poison qui est en nous. Un trouble qui nous fait nous asseoir dans le salon à une place où l’inconnu peut nous approcher, un trouble qui, dans le couloir ou dans la rue, nous fera marcher lentement pour lui permettre de nous adresser la parole.

Toutes les résolutions sont tombées. Le perfide