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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/47

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

vous irez vous promener au Bois, il t’amènera dans son petit appartement et les privautés qu’il te demandera seront encore insignifiantes. Tu les auras accueillies de suite, espérant des marques plus complètes d’amour.

Ton petit ami continuera obstinément à exiger très peu de toi. Tu attribueras d’abord cela à la timidité, d’autant plus facilement que tu auras en toi une timidité analogue.

Mais tu verras à sa liberté d’allure, à certaines audaces, audaces insuffisantes mais audaces réelles, qu’il n’est pas timide avec toi, que son amour a seulement un grand caractère de réserve.

Peut-être, si tu ignores beaucoup la psychologie des tout jeunes gens qui font du théâtre, tenteras-tu un soir, après avoir répété avec lui ta scène de concours, sur le divan de son appartement, une mise en demeure décisive.

Tu éprouveras alors une déception sans recours. Tu pleureras et tu t’apercevras tardivement que toutes les photographies suspendues aux murs sont des photographies de comédiens, de comédiens réputés, mais non pas de comédiennes. Tu penseras soudain que la chevelure de ton ami est d’un blond trop doré pour être naturel, qu’il a le visage trop maquillé, que son veston le serre