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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/48

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

trop à la taille, favorisant avec excès un développement de hanches inusité chez un homme.

Tu seras d’autant plus triste que tu seras prise à un piège de la nature, que tu ne sauras contre qui lutter, que tu n’auras aucun visage de rivale à maudire.

Ce sera ta première vraie déception et bien d’autres la suivront si tu t’obstines à espérer et à désirer de l’amour. Car ceux qui prodiguent l’amour simulé, aux clartés de l’électricité, entre neuf heures et minuit, ne gardent rien pour eux-mêmes.

Mais, ô jeune fille, je ne te plains pas trop ; tu te composeras un bonheur singulier et incompréhensible pour d’autres. L’odeur fétide d’un vieux théâtre où tu seras allée prêter ton concours, la glace rayée d’une loge, le visage flétri d’une habilleuse te combleront de joie. Le bruit des trois coups sera une musique délicieuse, tu t’enivreras avec la poussière et, collant pour la première fois ton œil au trou du rideau, tu auras le sentiment d’une immense supériorité.

Tu te mettras peu à peu à l’unisson du milieu où tu es appelée à vivre. L’aventure du petit élève blond du Conservatoire t’autorisera à prendre une revanche sur les hommes et tu le feras à la première occasion.