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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/49

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Une actrice jolie et arrivée t’invitera un soir à dîner avec quelques amis. Ses yeux fixés sur toi le long de la soirée t’auront fait savoir dans quelle grande sympathie elle te tenait. Elle voudra que tu demeures avec elle lorsque tout le monde sera parti, te promettant de te raccompagner elle-même un peu plus tard. Elle ne te raccompagnera pas, car il est logique que, vers deux heures du matin, après une tendre conversation, à cause des dangers de la rue et de l’éloignement de ta maison, elle t’offre de partager son lit, en te faisant remarquer qu’il est fort large et que tu ne seras en rien gênée. Tu accepteras et tu t’apercevras au matin que la largeur n’était pas une qualité pour ce lit et qu’il aurait pu être infiniment plus étroit et te donner le même agrément.

Tu exploreras ainsi peu à peu tous les côtés de l’amour du théâtre. Tu y useras lentement ton cœur, au frottement des baisers que l’on donne en échange d’un rôle, dans les tendresses feintes pour les grands critiques, dans les étreintes stériles. Tu te consoleras de la flamme perdue de l’amour, avec les fleurs, les applaudissements, la satisfaction d’amour-propre de savoir qu’on chuchote ton nom quand tu passes, et qu’il y a ta photographie peinte en couleurs sur les grands