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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/60

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

J’éprouve une volupté physique très grande à tenir ses mains dans les miennes, à les caresser, à en admirer la souplesse et le velouté. Comme je lui redisais encore combien je les aimais, elle me répondit :

« Les femmes, une catégorie de femmes tout au moins, ne valent que par leurs mains. La main a la même importance que le regard, dont il dépend directement. C’est elle qui fait signe, qui donne, qui reçoit. Toute petite, j’eus la connaissance, en recevant une gifle de ma mère, combien la main était un moyen d’expression rapide et décisif. Je vis bientôt que toutes les actions de la vie s’accomplissent par la main et que, dans l’amour, c’est la main qui a toute l’initiative.

« Je juge les hommes d’après leur main. Une main qui n’est pas soignée est celle d’un homme vulgaire ou d’un intellectuel.

« Une main qui se tend et dont les doigts restent un peu repliés à l’intérieur de la paume est celle d’un homme défiant, auquel il ne faut mentir que prudemment et avec la certitude que tout mensonge sera passé au crible d’un sévère examen.

« Les doigts dont la dernière phalange s’ouvre légèrement à l’extérieur dénotent une nature généreuse, même prodigue.