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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/64

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

heures du matin jusqu’à la villa qu’elle avait louée près d’un torrent, à quelque distance de Luchon, et là on soupait, on chantait, et le piano jouait jusqu’au matin.

Je n’ai jamais été dans cette villa et n’ai jamais fréquenté cette société à cause de sa trop mauvaise réputation. L’envie ne m’en manquait pas. Des amis plus favorisés m’en rapportaient maintes histoires curieuses, et je citerai deux d’entre elles qui se rattachent directement au sujet de ce livre.

Miette Y… aimait un Russe, qui l’avait quittée. Elle voulait s’étourdir.

Aussi ses caprices étaient-ils purement sensuels et avait-elle, à cause de cela, un grand pouvoir sur les hommes qui la désiraient.

Elle déclara un jour, au retour d’une promenade à cheval au port de Vénasque, qu’elle était amoureuse du guide qui l’avait conduite.

Ce guide était un jeune homme ni beau ni laid, avec cette apparence un peu lente, un peu lourde, un peu songeuse qu’ont les hommes qui vivent dans les montagnes.

On fit plusieurs promenades avec ce guide, et ce fut une suite ininterrompue de plaisanteries. Le guide comprit sans doute, car il devint bougon et taciturne et jeta des regards terribles à tous les