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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/69

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

bla vaguement percevoir que je fixais son attention. Je me laissai aller doucement au sommeil.

« Je rêvai. Combien de temps, je l’ignore. Je rêvais que j’étais balancée dans l’espace, puis que je roulais sur une pente indéfinie, serrée dans les bras du guide et que ses bras me brisaient. Une sensation étrange m’envahit. Je rouvris les yeux.

« Au-dessus de ma tête les nuages se déroulaient avec une majesté et une splendeur incroyables. À ma droite et à ma gauche les montagnes s’entassaient et j’eus pour la première fois la notion de la variété de leurs couleurs, de la vie étrange des forêts et des rochers, de la beauté incomparable de leur forme. Très loin sur un sentier, j’aperçus, avec une curieuse netteté, deux femmes qui marchaient avec des jattes de lait sur leur tête ; un enfant les suivait en faisant des gambades successives que je comptais. Je m’intéressais à la vie de ces gens avec passion, ils me semblaient, dans ce cadre, sous le soleil, infiniment beaux. Puis tout s’effaça brusquement et je poussai un cri…

« Le guide Pierre était vaincu. »