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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/72

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Louis B… tomba bientôt dans un état d’extrême désespoir. Il me faisait à ce moment-là ses confidences et je regrettais presque de ne pas connaître Miette Y… pour lui demander plus d’indulgence.

Ses amis, qui fréquentaient avec lui chez Miette, intercédèrent pour lui, plaidèrent sa cause, et cela si mal, naturellement, avec un si médiocre désir de réussir, que Miette se buta davantage.

Louis B… était, il est vrai, sans grand attrait. Il appartenait à la catégorie des fats timides, au teint rose et frais, et il avait toujours sur les joues un vague duvet blond. De plus, il était prétentieux et stupide.

Or, comme on s’entretenait sans cesse autour de Miette de cet amour, voici ce qu’elle décida :

« Je consens, dit-elle, à faire le sacrifice de mon amour-propre pour adoucir la peine de Louis B… et le dégoûter à jamais de moi. Je ne consens pas à me donner à lui, parce qu’il ne m’est jamais arrivé de me donner à quelqu’un lorsque cela ne me faisait pas plaisir. Nous ferons, si vous voulez, le simulacre d’une soirée d’amour. »

Elle expliqua son projet et tout le monde l’approuva avec des cris de joie. Deux jeunes gens furent chargés de trouver une fille qu’on payerait